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Changement pour une école spéciale

Les besoins individuels et les capacités d’un enfant handicapé ou malade peuvent nécessiter une prise en charge spécifique. Dans ce cas, il devra peut-être fréquenter une école spéciale ou une forme intégrée d'école spéciale. Quels sont les points à prendre en compte au moment du changement ? M. Matthias Obrist, directeur du service de psychologie scolaire de Zurich nous l'explique.

Une salle de classe avec des enfants et un enseignant.  | © unsplash

Quand une école spécialisée a-t-elle un sens ? (unsplash)

Le service de psychologie scolaire participe activement à la décision de placer l’enfant dans une école régulière ou dans une école spéciale. Pouvez-vous nous dire à quoi vous faites particulièrement attention ? Recommanderiez-vous une école régulière ou spéciale ?

Le service de psychologie scolaire est l'instance qui évalue la situation lorsqu'il s'agit de placer un enfant en école spéciale. Nous suivons la procédure d’évaluation standardisée, un outil utilisé par de nombreux cantons. À la fin, le service de psychologie scolaire émet une recommandation du point de vue de la psychologie du développement. L'évaluation porte sur les besoins d’un enfant en particulier dans une situation en particulier à l’école. Nous examinons différents facteurs chez l’enfant en parlant avec lui, en l'observant et en le soumettant à des tests : le développement cognitif, la communication, la mobilité, le développement social et affectif et la participation de l’enfant dans le contexte scolaire. Sont analysés l'état réel, puis l'état théorique. S'il est avéré que l'enfant ne pourra pas aller dans une école régulière parce que les mesures mises en place ne suffisent pas, des mesures renforcées sont alors nécessaires.

L’école n’a aucun intérêt à placer des enfants dans une école spéciale, car ces établissements coûtent cher et ont besoin de beaucoup de personnel. Et c'est la même chose pour les parents, qui n'ont généralement aucun intérêt à ce que leur enfant soit placé dans une école spéciale. L’école spéciale n’a pas toujours besoin d’être séparée. Il existe également une école spéciale intégrative. Cela signifie que les enfants placés dans une école spéciale restent dans la classe où pour une partie des cours, ils sont assistés par un spécialiste en pédagogie curative ou un assistant.

Sur la base de quels critères évaluez-vous si un enfant doit être scolarisé dans une école spéciale ou non ?

Le placement dans une école spéciale est recommandé si dans une situation scolaire spécifique, avec toutes les mesures disponibles, l'enfant ne reçoit pas une formation suffisante et n'évolue pas bien. Dans ce cas, il faut des mesures complémentaires renforcées soit dans l'école où l'enfant se trouve sous la forme d'école spéciale intégrée, soit dans une école séparée. Le nombre d’écoles spéciales varie selon les cantons et les régions et les offres ne sont pas les mêmes partout. Parfois, les parents et l’école demandent une école spéciale, mais il n'y a pas d'offre ou l'école spéciale est trop loin. Et important aussi, ce n'est pas parce qu'un enfant ne se « sent pas bien » dans sa classe qu'il faut le placer dans une école spéciale.

Comment se déroule le processus d'envoi dans une école spéciale ?

Si l’enfant est scolarisé dans une école régulière ou un jardin d’enfants régulier, la procédure d'évaluation et l’accord des participants, avec l’aide des parents et des enseignants, font que l’enfant doit aller dans une école spéciale séparée. En général, le changement a lieu à la rentrée suivante. Le processus se déroule comme suit

  • une discussion entre parents et enseignants, 
  • l’inscription au service de psychologie scolaire, 
  • des entretiens, une observation, des tests et l’évaluation du service de psychologie scolaire, 
  • un entretien d'évaluation avec les parties prenantes,
  • la rencontre et la découverte de la nouvelle école par l'enfant, 
  • l’accord de l’école, 
  • l’octroi des financements, 
  • les questions sur le transport et d’autres sujets qui doivent être clarifiées. 

Le processus peut prendre jusqu’à un an et le service de psychologie scolaire ainsi que d’autres services spécialisés l’accompagnent. Quelquefois, c'est l'école qui demande à ce que l'enfant soit placé dans une école spéciale parce que ce n'est pas possible autrement et que c'est pour le bien de l'enfant. À l'inverse, il se peut aussi que les parents préfèrent une école spéciale pour leur enfant parce qu’ils pensent que l'enfant en a besoin mais, du point de vue de l’école, les critères ne sont pas encore remplis. 

Il existe différents types d’écoles spéciales : écoles de logopédie, écoles pour enfants présentant des déficiences cognitives (écoles de pédagogie curative), écoles pour enfants présentant des déficiences physiques, visuelles ou auditives, écoles pour enfants présentant des troubles du comportement tels que des troubles de l’impulsion, des troubles de la concentration. Chaque canton dispose d’une liste d’écoles spéciales reconnues. Dans le domaine du comportement et du langage surtout, il y a des listes d’attente et il faut s'inscrire au plus tôt. Dans ce cas, il n'existe pas de listes d'écoles spéciales dans lesquelles les parents peuvent faire leur choix. Ils peuvent être heureux que leur enfant soit admis dans une école spéciale. 

Il n’est pas rare qu’une école spéciale soit éloignée du lieu de vie de l’enfant. Le thème du trajet pour se rendre à l'école est donc un élément important. Le transport fait partie de ce trajet et implique du temps et un coût. En fonction de l’âge et du niveau de développement de l’enfant, le service évalue le caractère raisonnable du trajet pour se rendre à l'école. Au jardin d'enfants par exemple, on ne peut pas demander à un enfant de faire une heure de route. Ce qui compte avant tout, ce sont les besoins de l’enfant.

Dans quelle mesure les parents ont-ils leur mot à dire ?

L'opinion des parents est appréciée tout au long du processus et ils sont très importants. Le droit de parole des parents est régi par les ordonnances cantonales correspondantes. Il est très rare que l’enfant soit placé dans une école spéciale contre la volonté de ses parents. Dans ce cas, les parents ont la possibilité d’introduire un recours et de contester la décision. Les écoles sont également tenues d’informer les parents de leurs droits et obligations. Dans certains cas, l'autorité de protection de l'enfance pourra être impliquée. Soulignons dans tous les cas que l'objectif principal du processus est de trouver un consensus. L'enfant doit savoir que ses parents approuvent la décision. 

Que se passe-t-il si les parents ne sont pas d’accord avec une décision ?

Les parents peuvent, par exemple, s’opposer à une évaluation ou une recommandation du service de psychologie scolaire ou à une décision de la direction ou de l’administration scolaire. Dans ce cas, les parents peuvent introduire un recours. Il peut d'une part s'agir de problèmes de forme, comme par exemple l'absence de consultation des parents ou d'une expertise spécialisée. Et d'autre part, il peut y avoir des erreurs de contenu : dans ce cas, la procédure a bien été menée, mais les parents ne sont pas d’accord avec la décision, par exemple avec l’évaluation du service de psychologie scolaire ou de l’enseignant. Si les parents n'approuvent pas la décision, ils doivent être en mesure d'argumenter pour que la réclamation soit acceptée. 

Une mère aide sa fille à faire ses devoirs. | © unsplash Il n'est pas rare que les jeunes ne souhaitent pas changer d'école. Dans ce cas, les parents doivent argumenter de manière raisonnable. (unsplash)
Que se passe-t-il si l’enfant n’est pas d’accord avec une décision ?

Le capacité de discernement de l’enfant joue un rôle : l’enfant est-il capable de comprendre ce que signifie concrètement la décision ? 

Les enfants sont impliqués dans les procédures, comme par exemple la procédure d'évaluation standardisée. Un spécialiste en psychologie s’entretient également avec l’enfant. La plupart du temps, les enfants sont du même avis que leurs parents. 

Dans la pratique, on accorde plus d’importance à l’opinion des parents qu’à celle de l’enfant. En étant transparents, en informant et en accompagnant au mieux, nous essayons de rendre la décision aussi compréhensible que possible et de toujours agir dans l’intérêt de l’enfant. Les enfants ont tendance à s'adapter facilement. Ils font confiance à leurs proches, et surtout à leurs parents et aux enseignants ou spécialistes qui les accompagnent. La confiance est une bonne base pour prendre la bonne décision. 

Pour les adolescents avec des problèmes de comportement, c’est un peu différent. Ils ne comprennent généralement pas les décisions et le ton peut vite monter. Avec eux, nous mettons des contrats en place en leur expliquant bien les conséquences s'ils ne les respectent pas. En fonction de la situation, il faut quelquefois faire fi de la volonté des jeunes et mettre en œuvre des mesures justifiées. 

Quelle est votre expérience avec le passage dans une école privée ?

Les parents ont le droit d’inscrire leur enfant dans une école privée et de le sortir de l'école obligatoire. Comme il s’agit d’une école privée, les coûts sont à la charge des parents. Au service de psychologie scolaire, nous appartenons au système scolaire public et ne recommandons aucune école privée.

Quelle est la durée d’attente moyenne pour obtenir une place dans une école spéciale et en attendant, comment les contenus appris sont-ils gérés avec l'enfant ?

Tout dépend de l’urgence et du type d'école spéciale recherché. La planification prend généralement une année scolaire. Les places sont généralement attribuées au début de l'année scolaire. Si l’enfant est en plein milieu de l’année scolaire et que nous évaluons qu’une école spéciale est plus adaptée à son cas, il devra sûrement attendre jusqu’à l’année scolaire suivante ou il faudra mettre en place une solution intermédiaire avec des cours particuliers, un arrêt provisoire de l'école (en allemand), etc. 


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