Sexualité de l’enfant
Quand on parle de sexualité et de santé, c'est d'éducation sexuelle, de contraception et de prévention des violences sexuelles qu'il est question. Il s’agit de sujets sensibles que vous, les parents, souhaitez aborder au bon moment. Madame Irene Müller, de la Haute école de Lucerne, Institut de pédagogie sociale et de formation, s’est posée des questions sur la sexualité de l’enfant.
Les enfants handicapés doivent également être éduqués. (unsplash)
L’âge de l’éducation sexuelle commence techniquement dès la naissance. Les questions relatives au corps et à la sexualité doivent être abordées de manière ludique par les parents dès le plus jeune âge, par exemple au moment du bain, en donnant un nom facilement compréhensible par les enfants au pénis et au vagin pour développer un langage pour les parties intimes. À partir d’environ 3-4 ans, jouer au docteur entre enfants du même âge occupe souvent une place importante. C'est un moment important pour apprendre à découvrir son corps. En tant que parents, vous accompagnez votre enfant pendant cette phase. Votre rôle consiste à assurer à votre enfant la protection et la sécurité de cet « espace » au quotidien.
Par la suite, les possibilités offertes par les médias électroniques jouent également un rôle dans le développement de vos enfants. Dans le cas d’enfants porteurs d'un handicap physique ou cognitif ou d’une maladie, la première question est de savoir de quel type de handicap ou de maladie il s’agit. En général, les enfants découvrent leur sexualité seuls. Pour les enfants souffrant de handicaps ou de maladies graves, il est donc plus difficile de découvrir sa propre intimité. L’accompagnement permanent au moment des soins du corps ou le peu de temps passé sans surveillance avec d’autres personnes du même âge limitent les possibilités. En tant que parents, vous devriez malgré tout veiller à créer des « espaces » adaptés à vos enfants. Même avec l’âge, vos enfants ont besoin de se détacher de vous en tant que parents.
En règle générale, de nombreux jeunes ne veulent pas parler de sujets intimes avec leurs parents. Vos enfants sont dans ce cas aussi ouverts à d’autres alternatives. Les possibilités de conseil sont multiples. En principe, il existe pour tous les jeunes et adultes – avec ou sans handicap ou maladie - des services cantonaux compétents pour toutes les questions de sexualité, d’intimité et de relation de couple. Les offres proposées vont de la consultation individuelle à des interventions d’éducation sexuelle dans les écoles, les institutions, etc. L’expérience montre qu’il existe des différences entre cantons en ce qui concerne l’éventail des conseils proposés. Les enfants et les jeunes qui vivent dans des établissements d’accueil ont souvent des possibilités internes de poser des questions à un adulte.
Il existe par exemple des services de consultation spécialisés pour les jeunes porteurs de handicaps cognitifs et/ou multiples :
Lust and Frust à Zurich ou encore Santé bernoise
Vous trouverez d’autres services spécialisés pour les adultes porteurs de handicaps cognitifs et leurs proches à l’adresse suivante :
Pour les adultes présentant un handicap cognitif, il est également possible de parler de sexualité, d’intimité et de relation de couple au Bildungsklub de Pro Infirmis Zurich. Cette offre existe dans plusieurs cantons (Jura).
Réfléchissez aux possibilités dont vous disposez en fonction du niveau de développement de votre enfant. Au sein de votre famille, il faut respecter les limites de votre fils ou de votre fille dès la naissance, autant par vous en tant que mère ou père, que par d’autres proches et connaissances. Cela signifie par exemple « pas de bisou sur commande », mais seulement si votre enfant en a envie.
- Ton corps est à toi.
- Tes sentiments sont importants.
- Il y a des contacts agréables et des contacts désagréables.
- Tu as le droit de dire NON.
- Tu fais la différence entre les « bons » et les « mauvais » secrets.
- Tu as le droit d’être aidé.
- Ce n’est pas de ta faute.
Prenez le temps d’écouter et de regarder les points avec votre enfant pour vous les approprier. L’important est que votre enfant sache qu’il peut demander de l’aide aux adultes à tout moment et qu’il n’est jamais responsable de ce qui s’est passé.
Il est normal que vous soyez très choqués si, en tant que parents, vous pensez que votre enfant en situation de handicap ou malade a été abusé. Dans ce cas, il est essentiel d'agir de manière consciencieuse. Vous devez impérativement demander de l'aide à un professionnel aussi vite que possible. N'hésitez pas par exemple à vous adresser aux services cantonaux de conseil aux victimes, qui sont soumis au secret professionnel. Les centres de planning familial (lien vers les offres de conseil), les assistants sociaux scolaires, les groupes de protection de l’enfance ou les autorités de protection de l’enfance peuvent aussi être des interlocuteurs possibles.
Il n’est pas facile de répondre à cette question. Une chose est certaine, c'est que les enfants, adolescents et adultes en situation de handicap sont beaucoup plus souvent victimes d'abus. En tout état de cause, ce groupe cible est donc beaucoup plus concerné que les personnes sans handicap. Selon différentes études et expériences de la pratique, les handicaps physiques et cognitifs augmentent tous deux le risque.
Dans ce cas, n'hésitez pas à vous adresser à un service cantonal de santé sexuelle ou de planning familial ou à un spécialiste en gynécologie. Ici vous trouverez des réponses à vos questions et des conseils professionnels. Quelquefois les services gynécologiques dans les hôpitaux publics proposent aussi des consultations aux jeunes.
Si votre fils ou votre fille est déjà adulte et souhaite vivre une forme de sexualité ou de tendresse avec quelqu'un d'autre, mais ne trouve pas de partenaire ou si elle ou il a besoin d’aide pour vivre sa sexualité, un accompagnement sexuel ou des massages érotiques peuvent être utiles, selon le cas. Parlez-en à votre fille ou à votre fils adulte ou demandez à quelqu’un de la sphère privée ou professionnelle en qui votre fille ou votre fils a confiance.
Vivre une sexualité saine, satisfaisante et plaisante peut être très différent en fonction de chacun. Alors que certains ont besoin de rapports sexuels, d’autres préfèrent la tendresse et la sensualité sans rapports sexuels et d’autres encore veulent vivre leur sexualité seuls ou se sentent asexués. Tout ceci est tout à fait normal. Ce qui compte, c'est de trouver des moyens de déterminer ses propres besoins sexuels et de les vivre dans les limites de l’autre.
Certains fils et filles, adolescents ou adultes, peuvent très certainement s'en charger par eux-mêmes. Pour connaître les méthodes de contraception les plus appropriées, vous pouvez vous adresser à un service spécialisé en santé sexuelle ou à la gynécologue ou à l’urologue traitant. Votre fils ou votre fille décide seul/e du moyen de contraception le mieux adapté et peut vous demander conseil s'il ou si elle le souhaite. Chez les personnes porteuses d'un handicap cognitif, il faut se demander si elles ont des rapports sexuels et si une contraception est nécessaire, quand elles disent qu'elles « dorment ensemble ». Il se peut en effet qu'elles ne fassent que dormir côte à côte dans le même lit. Outre la contraception, la prévention des infections sexuellement transmissibles est également un aspect important. Le préservatif offre une bonne protection pour de nombreuses infections, mais pas pour toutes. Il est important que votre fils sache la taille qu'il lui faut et comment bien l'enfiler.
Vous trouverez plus d’informations ici
Prévention de la violence sexuelle au sein de la famille