Service de rencontre – plus que du bonheur numérique

Renato est assis dans son salon et regarde la télé. Du football. La Ligue des Champions. L'« underdog » de Bâle est en train d'apprendre la peur à un autre grand club. Mais quoi qu'il se passe, le match ne le passionne pas. Il passe trop de soirées seul à la maison, trop de télé et trop de foot. Il en a marre.

Il y a dix ans, Renato a eu un accident de moto. Il a survécu et il en est reconnaissant. Mais l’accident a laissé des traces. Visibles – et invisibles. Et c'est d'ailleurs plutôt les blessures invisibles qui ont brisé sa relation de longue date. Cela fait des années qu'il fait des efforts pour se réparer et à son avis, il a surmonté les séquelles de son accident aujourd’hui. 

Mais il ne sait pas si ce sont les cicatrices internes ou externes qui l’ont empêché de nouer une nouvelle relation. Ce qu’il sait, c’était qu’il est considéré comme un handicapé. Lui ne le voit pas de cette manière, mais il comprend que les autres le pensent. Malgré plusieurs opérations, son bras gauche ne fonctionne plus, une plaque en acier maintient sa colonne vertébrale, il supporte très mal le bruit et ne peut pas se concentrer longtemps. Il a une cicatrice sur le côté gauche de son visage et sa paupière gauche a déjà connu des temps meilleurs.

Il avait pris du recul et n'avait pas fait de rencontres sérieuses. Il avait peur d’être réduit à ce que l’on voyait. Autrefois, il disait aux autres : « Tu n’auras qu'une seule chance de faire une bonne première impression ». Ses amis lui avaient souvent conseillé de tenter sa chance sur les sites de rencontre en ligne. « N'importe quoi ! Je suis peut-être un célibataire intelligent, mais je n'ai rien d'un académicien », répondait-il aux suggestions bien intentionnées avec plus ou moins d’humour. Les publicités présentant tous ces beaux jeunes hommes et ces belles jeunes femmes l'agaçaient. Mais en y réfléchissant mieux … 

Dix mois plus tard : cette fois-ci, le FC Bâle n'a pas réussi à passer en Ligue des Champions. Mais l’Europa League, c'était pas trop mal. 2:0 à la mi-temps. Renato zappe d'une chaîne à l'autre et s'arrête sur une pub qui dit « Le partenaire de vos rêves vous attend ». Renato sourit en pensant à ces derniers mois. Il a pris son courage à deux mains et s'est inscrit sur un site de rencontre en ligne. 

Il a beaucoup parlé de lui, son histoire, en omettant certains détails et en en enjolivant d'autres (qui ne l’a pas fait ?). Il a noué des contacts à une vitesse surprenante. Certains contacts ont été vite mis de côté, d'autres ont un peu plus duré et celui d'Alexandra a fini par devenir de plus en plus intense. Au début, ils échangeaient des idées, s'écrivaient et parlaient de leurs hobbies et de leurs intérêts communs, de voyages, de profession et de famille. C'était la première fois depuis longtemps qu'il se rendait compte de ce qu'il savait faire et ce dont il était capable malgré son handicap. À bien des égards, c’était même mieux qu’avant l’accident. Il n’avait pas seulement changé, il avait évolué. 

Puis les discussions et les messages sont devenus plus personnels et Renato a aimé ce qu'Alex, comme il l'appelle aujourd'hui, pensait et était. Il prenait confiance, était honnête. Quand ils se sont finalement rencontrés pour la première fois, il était nerveux comme jamais, mais il savait aussi qu’au-delà de ses restrictions évidentes, elle s’intéressait avant tout à lui en tant que personne, à son caractère, à son intérieur et à ses capacités. Et il avait raison. Dès le début, il savait que ce type de rencontres ne garantissait pas le succès. Il avait eu de la chance. Et il était fier d’avoir cru en ses capacités.

... et le fait qu’Alex se moquait totalement du football, il s'en moquait complètement. Aujourd’hui, il a profité de sa soirée foot et de la victoire 3:0 des bâlois.

Les sites de rencontre en ligne sont très appréciés aujourd'hui. Il y en a des centaines sur le net et pas seulement les grands sites connus. D'abord décriées, les rencontres en ligne sont désormais rentrées dans la normalité. Des études montrent que plus de la moitié des célibataires consultent ce type de portail internet au moins une fois par mois. Tout le monde ne cherche pas le partenaire pour la vie. Quelquefois, le but, c’est de flirter ou de faire l’amour. Les plateformes en ligne offrent de nouvelles possibilités de choix des partenaires et il existe désormais aussi de nombreux prestataires pour certains groupes cibles, y compris pour les personnes en situation de handicap.