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Lorsque nous entendons parler de «trouble obsessionnel compulsif», nous imaginons peut-être une jeune femme qui ne peut s'empêcher de se laver les mains à outrance. Dans cet article, nous allons expliquer en quoi ce cliché n'est qu'en partie vrai et quels sont les différents types de compulsions.
Qu'est-ce qu'un trouble obsessionnel compulsif ?
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est une maladie psychique complexe envahisant les personnes qui sont alors tourmentées par des pensées, des images ou des impulsions répétitives et indésirables, appelées pensées obsessionnelles. Ces pensées provoquent souvent une forte anxiété, pour atténuer cette anxiété, les personnes concernées développent des comportements ou des rituels compulsifs qu'elles doivent exécuter de manière répétée. Ces actes compulsifs peuvent soulager à court terme, mais à long terme, ils renforcent le stress et augmentent les TOCs. Les troubles obsessionnels compulsifs peuvent affecter différents domaines de la vie, tels que le travail, l'école, les relations et les activités personnelles. Les personnes concernées ont souvent l'impression d'avoir peu de contrôle sur leurs obsessions et de se sentir dominées par elles. Le diagnostic est généralement posé lorsque les symptômes persistent sur une longue période et ont un impact significatif sur la vie quotidienne.
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Quelles sont les signes d'un TOC?
Imaginez une situation quotidienne: Après vous être levé, vous allez à la salle de bain, vous prenez votre petit-déjeuner, vous buvez un café, repassez une chemise pour la réunion de 9 heures, vous vous habillez et vous vous rendez au travail. Soudain, des pensées s'immiscent: Ai-je éteint la machine à café? Ai-je débranché le fer à repasser? Ai-je verrouillé la porte d'entrée? Incertain, vous rentrez chez vous et constatez que tout est en ordre. Soulagé, vous reprenez le chemin du travail. Si cela s'arrête là, ce n'est pas grave car ces incertitudes face à des choses que nous faisons plus ou moins automatiquement sont normales.
Mais il en est autrement lorsque l'insécurité persiste et qu'une obligation de contrôler les mêmes choses encore et encore s'installent. Pour reprendre notre exemple: on revient toujours à la maison pour contrôler tous nos questionnements, tout en sachant que cela n'a aucun sens et que l'on sera en retard à la réunion. La contrainte du comportement de vérification domine contre la volonté de la personne concernée. Ce n'est que lorsque ces comportements prennent une telle ampleur que les personnes concernées en souffrent ou que leur vie quotidienne en est fortement affectée que l'on parle de trouble obsessionnel compulsif pathologique ou de névrose obsessionnelle.
Derrière la plupart des actes compulsifs se cache l'idée fixe qu'il faut empêcher quelque chose de dangereux. Si les actions ne peuvent pas être exécutées encore et encore, il en résulte un sentiment d'insécurité, de peur ou de dégoût. L'exécution répétée des actes compulsifs permet de réduire ces sentiments. Les actes compulsifs peuvent également devenir des rituels compulsifs. Les actes sont exécutés d'une manière élaborée jusque dans les moindres détails. Les personnes concernées doivent suivre le rituel exactement de la même manière à chaque fois, selon certaines règles à respecter scrupuleusement. Si l'action ne peut pas être menée à terme ou correctement, une anxiété supplémentaire apparaît et le rituel doit alors être répété depuis le début.
Symptômes d'un trouble obsessionnel compulsif
Les symptômes qui accompagnent les actes ou les pensées obsessionnels sont souvent une nervosité générale de la personne concernée, de l'anxiété, des humeurs dépressives et une estime de soi réduite. Les symptômes d'épuisement sont également fréquents, car la lutte constante contre la compulsion demande des forces énormes. Les personnes concernées se trouvent alors dans un cercle vicieux: elles vivent des pensées obsessionnelles angoissantes et pour combattre ou réagir à ces pensées obsessionnelles, elles ont recours à des actes compulsifs qui, à leur tour, entretiennent les angoisses déclenchées. 90% des personnes concernées ont à la fois des pensées obsessionnelles et des actes compulsifs.
Le diagnostique d'un trouble obsessionnel compulsif prend généralement du temps, car les compulsions ne se développent pas du jour au lendemain. Au début, de nombreuses personnes concernées pensent que leur comportement est normal, jusqu'à ce qu'elles remarquent combien leurs rituels prennent du temps. Cela peut entraîner des problèmes dans la sphère professionnelles, familiales ou relationnelles et rendre difficile l'accomplissement de leurs obligations quotidiennes et affecter leurs loisirs. Les compulsions commencent ainsi à dominer la vie. L'évolution d'un trouble obsessionnel compulsif peut varier. Sans traitement, il peut devenir chronique, avec des variations dans l'intensité des symptômes. Certaines personnes connaissent aussi des phases où les compulsions s'atténuent. Les différents types de compulsions peuvent évoluer au fil du temps.
Trouble obsessionnel compulsif ou névrose obsessionnelle?
Les termes «trouble obsessionnel compulsif» et «névrose obsessionnelle» sont souvent utilisés comme synonymes, car ils se réfèrent au même problème de santé mentale. Les deux termes décrivent un type de maladie mentale dans lequel les personnes souffrent de pensées récurrentes et indésirables ainsi que d'actes compulsifs. Dans le passé, le terme de névrose obsessionnelle était souvent utilisé pour faire référence aux pensées et aux actions récurrentes qui apparaissent dans le cadre de cette maladie. Toutefois, le terme de trouble obsessionnel compulsif est aujourd'hui préféré, car il reflète plus précisément la terminologie médicale et est moins jugeant. Dans la pratique clinique et la recherche, le terme de trouble obsessionnel compulsif est utilisé pour décrire différents types de compulsions et d'actes compulsifs, tels que la compulsion de lavage, la compulsion de contrôle, la compulsion d'ordre, etc. Il s'agit d'une maladie mentale reconnue qui peut être diagnostiquée et traitée. Le choix entre le terme de trouble obsessionnel compulsif ou de névrose obsessionnelle est généralement une question de préférence et n'a pas une grande influence sur la signification de la maladie elle-même.
Types de troubles obsessionnels compulsifs
Il existe différents types de troubles obsessionnels compulsifs, qui présentent chacun des caractéristiques et des symptômes différents. En voici un bref aperçu:
- Pensées obsessionnelles: dans cette forme de TOC, les personnes concernées ont des pensées, des images ou des impulsions récurrentes et dérangeantes qui s'imposent sans cesse à elles. Les personnes concernées ressentent ces idées comme angoissantes. On trouve le plus souvent des idées obsessionnelles qui tournent autour d'accidents, de maladies, de catastrophes ou d'actes de violence et qui sont censées menacer en particulier des personnes proches. Les peurs dominent la vie, car il n'y a pas de limites aux pensées obsessionnelles. Elles peuvent également se rapporter à des contenus sexuels, à des questions religieuses et morales ou à tout ce qui touche à l'ordre.
- Les actes compulsifs: dans ce cas, les personnes se sentent obligées de répéter certaines actions afin de réduire leur anxiété. Il peut s'agir de rituels de nettoyage, de vérifications répétées ou de certaines obsessions liées aux chiffres.
- Compulsion de lavage: l'acte compulsif le plus connu du grand public est sans doute le fait de se laver et de nettoyer. Les personnes qui souffrent d'une telle obsession ont une peur panique des bactéries et de la saleté, leur quotidien est rythmé par des actes et des pensées autour de la propreté. Les personnes concernées ne laissent plus entrer de visiteurs chez elles afin d'éviter la saleté. À la moindre impureté, toute la maison est nettoyée à fond. Les personnes souffrant d'un tel trouble obsessionnel compulsif ne serrent plus la main à personne et, si cela ne peut être évité, les mains sont ensuite lavées encore et encore parfois jusqu'à ce qu'elles saignent.
- Contrôle compulsif: les personnes souffrant de contrôle compulsif ont peur de faire quelque chose de mal si elles n'effectuent pas certaines actions exactement comme il faut. Elles répètent souvent des actions pour s'assurer qu'elles n'ont rien fait de mal.
- L'obsession de l'ordre: dans ce cas, les personnes concernées ont besoin de ranger les choses dans un certain ordre ou de les organiser de manière symétrique. S'écarter de cet ordre est source d'anxiété.
- Compulsion de comptage: les personnes atteintes de cette compulsion comptent constamment les choses ou répètent certains mots pour soulager leur agitation intérieure.
- Répétition obsessionnelle: Les personnes concernées se sentent obligées de répéter sans cesse certains mots, phrases ou actions.
- Obsession de collectionner: les personnes souffrant de ce type de TOC éprouvent le besoin de collectionner des objets, même si ils n'ont aucune utilité pratique. La peur de jeter quelque chose d'important est le moteur de cette compulsion.
Comment se développe un trouble obsessionnel compulsif ?
Malgré les progrès de la recherche médicale, le mécanisme d'apparition d'un trouble obsessionnel compulsif n'est pas encore totalement élucidé. La plupart des experts estiment que la maladie est due à l'interaction de différents facteurs.
Les raisons qui déclenchent les troubles obsessionnels compulsifs peuvent être d'origine génétique ou résulter d'expériences de vie. Ainsi, par exemple, la conjonction d'une vulnérabilité psychique existante due à des événements traumatiques et d'une surcharge psychique peut conduire à un trouble obsessionnel compulsif. La gestion d'émotions désagréables, comme la peur, entre également en ligne de compte. L'apparition fréquente de troubles obsessionnels compulsifs dans une famille ainsi que des études sur des jumeaux fournissent la preuve d'une prédisposition génétique. Selon de nombreuses études, le métabolisme cérébral joue un rôle, car la transmission des impulsions dans le cerveau des personnes atteintes est perturbée.
Lorsque les médecins tentent de diagnostiquer un trouble obsessionnel compulsif, ils commencent par apprendre le passé de la personne concernée, de ce qu'elle ressent et de ce qu'elle a vécu. Ils cherchent également à savoir s'il y aurait des raisons physiques aux problèmes. Souvent, des tests sont effectués pour en savoir plus. En outre, les médecins observent si les compulsions existent depuis au moins deux semaines et si elles rendent le quotidien très difficile.
Les troubles obsessionnels compulsifs sont souvent confondus avec les troubles anxieux généralisés ou des TICs. Un trouble obsessionnel compulsif peut également se manifester conjointement avec d'autres maladies psychiques, comme la dépression, les troubles alimentaires ou la schizophrénie. Parfois, les TOCs sont également dûs à un trouble de la personnalité.
Traiter les troubles obsessionnels compulsifs
Plus le traitement d'un trouble obsessionnel compulsif est commencé tôt, meilleurs sont les pronostics. Il existe aujourd'hui des aides permettant d'obtenir un soulagement significatif et durable des symptômes. Pour traiter avec succès un TOC, il s'avère judicieux de recourir à une combinaison de traitements médicamenteux et psychologiques. Dans le domaine de la psychothérapie, des méthodes de thérapie comportementale ont été développées, tant en ambulatoire qu'en milieu hospitalier. Les possibilités médicamenteuses sont également nettement meilleures qu'auparavant.
Depuis quelques années, on utilise également un stimulateur cérébral pour soulager les troubles obsessionnels compulsifs. Cette méthode consiste à implanter des électrodes dans le cerveau afin de stimuler électriquement certaines zones cérébrales. L'objectif de la thérapie est de normaliser un circuit de régulation déréglé dans le cerveau et d'ainsi stabiliser les processus cognitifs, émotionnels et moteurs. Les stimulateurs cérébraux ne sont utilisés que lorsque les possibilités de traitement thérapeutique et médicamenteux ont été testées. Cette méthode est censée aider les patients à mieux maîtriser leur quotidien. Cependant, ils ne permettent que d'atténuer les compulsions mais ne les font pas disparaître.
Des centaines de milliers de personnes touchées en Suisse
Jusqu'au milieu des années 90, les maladies obsessionnelles étaient encore relativement peu connues. Les personnes concernées avaient ainsi le sentiment d'être seules face à cette maladie. Cela augmentait le risque de suicide et minimisait les chances de suivre un traitement thérapeutique.
On sait aujourd'hui que les troubles obsessionnels compulsifs sont plus répandus qu'on ne le pensait autrefois. Le nombre de cas non recensés est élevé, car les personnes concernées ont honte de leur trouble et le cachent le plus longtemps possible. Il faut souvent de nombreuses années avant qu'un diagnostic correct puisse être posé et qu'une thérapie appropriée puisse être mise en place. Les spécialistes estiment qu'environ 1,5 million de personnes sont concernées en Allemagne et environ 100'000 personnes en Suisse.
Le trouble obsessionnel compulsif est le 4ème trouble psychique le plus fréquent après les phobies, la dépression et les addictions. Environ 20% des patients en sont atteints dès l'enfance. Mais chez la plupart des personnes concernées, le trouble débute au début de l'âge adulte.
Aides en cas de trouble obsessionnel compulsif
Bien que cela ne remplacent pas un traitement adapté, les conseils suivants peuvent s'avérer utiles pour gérer les troubles obsessionnels compulsifs au quotidien:
- Structurez votre journée: un emploi du temps structuré peut contribuer à réduire l'incertitude et à garder le contrôle de ses pensées.
- Faire face progressivement: au lieu de céder aux compulsions, essayez d'affronter progressivement les situations anxiogènes afin de réduire l'anxiété.
- Techniques de respiration et de relaxation: des exercices tels que la respiration profonde ou la relaxation musculaire progressive peuvent réduire le stress et améliorer le contrôle des pensées.
- Distractions et loisirs: distrayez-vous avec des activités qui vous plaisent afin de briser les pensées obsessionnelles.
- Soutien social: partagez vos défis avec des personnes de confiance. Le soutien de l'environnement social peut être d'une grande aide.
- Aide professionnelle: cherchez conseil auprès de thérapeutes spécialisés dans les troubles obsessionnels compulsifs. Une thérapie ciblée peut vous montrer des moyens efficaces pour faire face à ces TOCs.