Être mère et travailler en même temps
De nombreux pères et mères se sentent obligés de quitter leur emploi après la naissance de leur enfant et de rester à la maison à temps plein. Il peut y avoir des situations dans lesquelles l’enfant aura besoin d’une prise en charge complète et dans lesquelles les parents doivent abandonner leur travail. Et à l'inverse, il se peut aussi que les parents ne puissent pas renoncer à travailler pour des raisons financières. Pour Françoise O., après la naissance de sa fille atteinte de paralysie cérébrale, il n’a jamais été question d’arrêter de travailler. Son travail a toujours été une manière de trouver l'équilibre avec sa famille nombreuse. Elle raconte comment elle a réussi à être mère et à travailler en même temps.
Il n'est toujours pas facile de concilier vie familiale et vie professionnelle. (unsplash)
Nous sommes une famille recomposée de sept personnes. J’ai trois fils adultes issus de mon premier mariage, ainsi qu’une fille adulte et une fille d’âge scolaire avec mon mari actuel. Notre plus jeune fille, Sarina, souffre d'une paralysie cérébrale. Les garçons sont déjà partis et l’aînée est peintre. Sarina fréquente une école spéciale pour enfants souffrant d’un handicap physique à Berne.
Je travaille dans une banque comme assistante/remplaçante au front office (environ 20 %). Et je travaille aussi à la maison pour prendre des rendez-vous (environ 60 %).
Depuis la naissance de mon premier enfant, j’ai toujours travaillé à 20 % dans une banque. Et cela fait maintenant 20 ans que je travaille pour prendre des rendez-vous pour différentes entreprises en télétravail, avec une charge de travail croissante. J'ai la chance de pouvoir largement m'organiser comme je le veux pour ce travail.
L’obstacle le plus important a certainement été la garde des enfants, en particulier entre 2007 et 2012. Comme Sarina a des besoins spéciaux depuis sa naissance, elle doit faire de la physiothérapie au moins deux fois par semaine. À cette époque, les plus grands étaient déjà très autonomes et étaient tous à l’école ou en apprentissage pendant la journée. Il ne fallait s'en occuper que de temps en temps (pendant les vacances par exemple). En plus de l’aide privée, nous avons embauché plusieurs jeunes filles au pair pour prendre soin des enfants, en particulier de Sarina. Ça n’a pas toujours été facile. Il a souvent fallu trouver des solutions en urgence, réaménager nos emplois du temps ou jongler avec les jours de travail. Depuis 2012, c'est-à-dire depuis que Sarina est à l'école, nous n’avons plus de fille au pair, mais nous avons dû réorganiser l'aide privée de temps en temps.
Quand elle va à l’école, nous discutons toujours au préalable de qui va prendre Sarina en charge. Un service de taxi vient chercher Sarina le matin à 7h30 et la ramène à la maison le soir entre 16h15 et 18h00. Je pars toujours en même temps que notre fille le matin, elle n'a donc pas besoin d'un autre accompagnement. Le soir, je ne rentre jamais avant 17h30. Ces jours-là, mon mari rentrait souvent plus tôt. Et quand il ne pouvait pas, c'était une gardienne, les grands-parents ou une voisine qui s'occupaient de Sarina à son retour. Pendant les vacances scolaires, nous cherchons toujours une garde de jour pour Sarina. Heureusement, Sarina ne tombe presque jamais malade. Mais aujourd'hui, la législation a, fort heureusement, fait des progrès pour permettre aux parents de garder leurs enfants malades.
Mon mari et mes beaux-parents m’ont toujours soutenue autant que possible pour les enfants, que ce soit pour les garder ou les amener au traitement, en particulier lorsque je travaillais en extérieur.
Le plus important est de rester flexible et d’accepter l’aide qui nous est proposée. Et bien sûr aussi de savoir lâcher prise et de donner la possibilité à son enfant de faire ses propres expériences. C’est sûrement la partie la plus difficile quand on a un enfant spécial. Nous avons dû apprendre à faire confiance aux autres pour qu'ils prennent soin de notre protégée. Travailler est et a toujours très important pour moi. Travailler en extérieur de la maison, en plus du foyer et de 5 enfants, a toujours été une compensation précieuse pour moi et, aussi étrange que cela puisse paraître, me permet de « me reposer d’un quotidien familial agité ». J’apprécie énormément les contacts avec mes collègues et les clients et leur estime, qui semble quelquefois évidente chez moi.
Je suis heureuse et reconnaissante du soutien que j’ai reçu de différentes manières au cours de toutes ces années. De nombreuses personnes m’ont permis de continuer à travailler et ne pas perdre ma connexion au monde du travail.